Ce soir, comme tous les soirs, Marcel ne parvient pas à trouver le sommeil. Il tend la main toutes les cinq minutes vers son téléphone portable dans la crainte d’avoir laissé passer sans le voir un message ou un appel de l’être cher à son cœur. Mais il n’en est rien. Marcel se sent délaissé, abandonné, il ne sait pas à qui se confier. Et quand il a une idée de la personne à qui parler, celle-ci ne souhaite pas lui répondre et renvoie ses appels pour ne plus le rappeler. Alors Marcel est perdu, il ne fait que fixer le plafond de son unique pièce qui lui sert de logement, pendant que les larmes noient son visage fin. Marcel a peur aussi, peur que jamais on ne le rappelle. Peur que son avenir ait disparu en même temps que son passé pourtant si proche. Il n’a plus de but, plus d’objectif. Au travail il fait grise mine, bien qu’il se force à n’en laisser rien paraître. Ses résultats s’en ressentent, l’entraînant dans une spirale sans fond. Il a même l’impression que la personne qui lui est le plus chère lui en veut. Qu’elle lui en veut de l’apprécier. C’est ce qui lui fait le plus mal. Alors Marcel se laisse mourir, il ne se nourrit plus, il ne parvient plus à dormir, il n’a plus le goût de vivre, qui lui laisse maintenant une sensation acre dans la bouche. Alors il s’invente une vie, il s’invente des sorties, il s’invente des amis, pour se donner le sentiment d’être encore un peu vivant. Mais il ne trompe personne, et surtout pas lui.
Marcel tient grâce à l’espoir. L’espoir que son passé déchu lui revienne et qu’il soit heureux à nouveau. Parce que c’est quelqu’un de bien Marcel, il mérite ce bonheur lui aussi, bien que la vie semble donner tort à toutes ses tentatives de joie. Alors il attend, car on lui a dit que c’était la seule chose à faire pour que son salut réapparaisse et que ses yeux brillent à nouveau. Et non à cause des pleurs cette fois-ci.