Mois: septembre 2020

Louise Penny – Un Long Retour

 Un nouveau livre de Louise Penny, c’est un peu comme le cadeau d’anniversaire qui revient tous les ans à la même époque. Voire même un cadeau de Noël, qu’on déguste bien au chaud dans son lit avec un chocolat chaud, pour apprécier chaque page du roman.

Cela doit bien faire dix ans que j’ai commencé à lire Louise Penny et à suivre les enquêtes de l’Inspecteur Gamache. Pour moi, le point d’orgue a été atteint avec Le Beau Mystère, qui mélangeait l’aspect policier en plein cœur des moines et de la musique avec la préparation de l’apothéose de l’avancée de l’histoire personnelle des protagonistes, pleinement présentée dans La Faille en Toute Chose. Avec Un Long Retour, j’ai au début tiqué sur le synopsis plutôt simple et qui ne présentait aucun meurtre, une simple disparition qui pourrait s’expliquer par beaucoup de raisons réalistes. En gros, je ne ressentais vraiment aucune intrigue forte dès le départ, je n’étais pas happée. Pour autant, j’ai vite revu mon jugement car, comme je le précisais plus haut, les pages se dégustent, se vivent tout simplement.

Louise Penny excelle dans ses descriptions, jamais ennuyeuses, pétries de métaphores et de bon sens. Pour prendre un exemple, je vous mets ci-dessous un passage (que vous pouvez agrandir en cliquant dessus) qui m’a émue aux larmes, même en le relisant. L’auteure y parle du chien de l’Inspecteur, Henri, adopté suite au décès de son précédent maître et se comparant à Rose, une cane de compagnie, elle aussi recueillie par un humain. Mais ce qu’elle parvient à faire, c’est retranscrire les idées du chien, d’une façon sensée et émouvante. C’est aussi ça du Louise Penny, de l’émotion pure cachée dans les aléas de la vie de tous les jours.

Même sans meurtre de prime abord, même avec un inspecteur à la retraite, l’ouvrage parvient à attirer et garder l’attention du lecteur de bout en bout. Reste maintenant à enclencher sur son prochain livre, La Nature de la Bête, paru cette année aux éditions Actes Sud.

Deauville 2020 : 1 jour 4 films

Me revoilà sur le tapis et les fauteuils rouges des salles de cinéma de Deauville. Bien que le festival n’ait jamais montré d’incertitudes quant à sa tenue, il n’était pas facile de se montrer confiant à la vue de toutes les annulations de cette année. C’est le contraire qui s’est produit à la 46ème édition du festival du cinéma américain, car il a bénéficié de ces annulations pour pouvoir diffuser en avant-première des films des festivals de Cannes et d’Annecy.

4 films vus donc mais je m’étais prévue une journée de grand challenge avec 7 longs-métrages. Ce qui a été contrecarré par les dispositifs sanitaires du cinéma du casino Barrière en particulier. Autant le CID et Le Morny promouvaient la distanciation en retirant un siège sur trois, autant celui du casino est allé plus loin avec un siège sur deux condamné, même si c’est votre meilleur ami ou votre mari avec qui vous venez de passer la nuit. De fait, la capacité de la salle a été réduite à 207 places, ce qui est rien pour des AVP en festival. C’était donc un festival bien spécial cette année, où en plus de cela seuls les réalisateurs et acteurs français et européens étaient finalement présents, les américains étant bloqués chez eux et nous adressaient un bonjour par vidéo diffusée au début de la séance. Retour sur les 4 films qui ont jalonné ma journée.


Début de journée à 9 heures au cinéma Le Morny, où les cinéphiles affluent et remplissent déjà la moitié de la salle dix minutes avant le début de la séance, pour Giants Being Lonely. On retrouve ici la touche film d’auteur qui traite de la vie américaine des petites villes, loin du glamour et des paillettes. Film en compétition cette année, on ressent la tristesse de l’environnement et des personnages. Une tristesse latente qui va nous être exposée tout au long du fil, quand on en découvrira les raisons. Certaines scènes sont un peu hachées, on se demande ce qu’elles font là, ce qu’elles apportent au récit et ce qu’elles veulent dire, mais tout prend sens au fur et à mesure, jusqu’à l’explosion finale, qui m’a beaucoup fait penser à Francis Bacon et George Dyer. Dommage que les deux personnages principaux se ressemblent comme deux gouttes d’eau car j’ai mis du temps à les différencier, ce qui a été le cas aussi pour d’autres spectateurs avec qui j’ai pu échanger à la sortie. C’est un film intéressant dans sa globalité mais qui peut perdre des personnes en cours de route sur la première heure, tant on ne comprend pas réellement où l’on veut nous mener, bien qu’on sente une tension de plus en plus présente.

J’ai directement enchaîné avec Slalom à 11h au CID, qui a reçu le Prix Ornano-Valenti 2020 du Festival de Cannes (prix du meilleur premier film). La réalisatrice et deux des actrices principales ayant pu venir présenter le film en début de séance. J’ai adoré ce film car il se déroule à la montagne (principalement tourné aux Arcs de ce que j’ai pu voir), suivant l’année scolaire de l’héroïne de 15 ans en ski-études. Avec en tête d’affiche Jérémie Renier, qui assure un rôle poignant et magistralement interprété, comme pour le reste du cast, le film aborde les abus qui peuvent avoir lieu dans différents domaines, dont le domaine sportif. Pour l’anecdote ça fait drôle de voir un film en français au CID, en vosta donc. Il reste toutefois dommage de toujours ajouter du drama à toute belle histoire, bien que la réalisatrice ait parlé de mettre en images son vécu. L’aspect compétitif n’est d’ailleurs pas tant mis que cela en avant, mais plutôt l’accomplissement personnel, qui aurait pu être plus creusé : le sport vient finalement au second plan même si le film reste superbe sur bien des plans.

A peine le temps d’aspirer un risotto au casino et me revoilà à 14h devant Calamity, film d’animation ayant reçu le prix du festival d’Annecy. J’étais à la base partie pour voir The Assistant mais voilà, la queue commençait déjà à 13h devant la salle, du jamais vu ! Donc une grande partie de la file d’attente (je dirais une centaine de personnes) s’est dirigée in extremis vers le CID, là où nous étions sûrs de trouver de la place. Le représentant du festival d’Annecy a très bien su vendre le film ainsi que les deux autres présentés à Deauville cette année : Petit Vampire et Lupin III The First, diffusés le lendemain. Calamity, centrée sur l’enfance de l’héroïne, est un bon film, une bonne comédie, mais aussi un reflet évident de la lutte des femmes qui perdure encore aujourd’hui. Le film n’est pas infantilisant pour un sou ni féministe à outrance pour autant. L’animation a une touche agréable, qui prête à rêver et n’engorge pas l’image de détails malvenus. Très aérienne, elle accroche de suite le regard, ce qui rend l’enchaînement des scènes véritablement plaisante à regarder. La bande son est également d’un bon acabit et je comprends pourquoi ce film a reçu de bonnes critiques lors du virtuel Annecy 2020.

Deuxième chou blanc à 16h, où Kajillionaire et Last Words étaient complets tous les deux alors que je n’étais même pas encore sortie de la séance en cours. Direction donc la ville, la plage, la brocante de la salle des fêtes, et retour dans le game à 18h30 pour Shiva Baby. Une comédie qui assume pleinement les clichés des coutumes juives, qui m’a beaucoup fait penser au tout premier film que j’ai vu au festival de Deauville, en 2007 (déjà 13 ans de festival pour moi !), Death at a Funeral. Car le principe est un peu le même : des personnes qui ont des relations cachées dans la vraie vie se retrouvent par hasard à un enterrement, ce qui met en avant leurs mensonges et leur vraie vie à la vue de tous. On rigole bien, le film est court et heureusement, car Shiva Baby, c’est aussi et surtout un bébé qui passe son temps à pleurer et hurler. Déjà que j’apprécie peu ça en temps normal, là c’est vraiment poussé à son paroxysme.


C’était donc une journée en demi-teinte pour moi car je n’ai pas pu voir le tant attendu Comment je suis devenu super-héros, comme deux autres films que j’avais listés pour la journée. Je ne vais toutefois pas être trop critique car je sais que l’organisation du festival a fait son possible pour que cette édition ait pu se tenir cette année, mais je sais que beaucoup de participants ont été déçus par la gestion de certains sujets. Je reste ravie d’avoir cette année encore participé à ce festival, qui reste accueillant, plaisant et convivial.