J’ai arrêté de vapoter

Si j’ai voulu écrire cet article, c’est qu’il est compliqué de trouver sur le net des sites qui parlent d’arrêter de vapoter. On trouve comment arrêter de fumer, quels en sont les symptômes, comment se faire aider, etc. Mais rarement quand il est question de la cigarette électronique. Y-a-t-il une différence de symptômes (manque, sevrage) ? Est-ce plus dur ? Même Tabac Info Service, ou des applications comme Kwit ne se focalisent que sur la cigarette alors que la vape est arrivée en 2005 en France ! Elle est considérée comme une solution alors que je la vois aujourd’hui comme un problème.

Je vous mets tout de mêmes quelques articles intéressants que j’ai pu trouver, bien s’ils soulèvent surtout des questionnements :
Voici ce qui arrive au corps quand on arrête de vapoter
Comment arrêter de vapoter ?
Ils ont arrêté de fumer, mais les vapoteurs arrivent-ils à arrêter de vapoter ?

Je trouve que la cigarette électronique est traître et c’est la principale différence qui fait que j’ai trouvé plus difficile d’arrêter de vapoter que de passer de la cigarette à la vape. Traître car – même si dans les faits pas toujours – on peut vapoter partout. Bien qu’il y ait des endroits où on joue sur les mots en disant que fumer est interdit mais que vapoter n’est pas autorisé (donc légalement pas interdit), il est plus que facile de vaper partout et tout le temps ; en plus que cela ait été accentué avec le télétravail. Vapoter au cinéma, vapoter dans les toilettes d’un restaurant, vapoter sous son manteau dans l’avion côté hublot, vapoter sur les télésièges, vapoter au bar du Café Oz, vapoter au travail, vapoter en visio … c’est comme s’il n’y avait plus de limite. Et avec de telles habitudes, bonjour les dégâts.

J’étais au début partie simplement pour répondre aux principales questions mais ça a rapidement viré en journal de bord, car j’en avais besoin.


J’avais déjà arrêté de fumer des cigarettes depuis des années, depuis l’époque où j’avais réalisé une séance du programme « Arrêt du Tabac » Allen Carr, en 2014. Depuis lors, je n’ai jamais pu quitter ma cigarette électronique, qui a pris maintes formes avec le temps (RIP ma Dotmod dorée), mais que j’ai décidé de laisser tomber.

J’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté. J’ai lu le livre Allen Carr (je ne l’avais pas il y a 7 ans, ayant fait la formation en présentiel collectivement) ; et comme noté dans l’intro de mon article, lui aussi se focalise sur la cigarette et non sur la vape. Ce qui peut rendre caduc certains arguments quand on veut faire preuve de mauvaise foi (avec du Red Astaire on a bien meilleure haleine qu’avec la clope !). Dans le même temps, j’ai pris rendez-vous chez un hypnothérapeute, sans vouloir me faire aider d’autres substituts car j’étais déjà accro à un substitut depuis des années. J’ai donc inhalé ma dernière vape6 mg de nicotine – pas de baisse de nicotine depuis plusieurs années – goût corne de gazelle :3) à 11h50 le 25 novembre 2021 dans Paris.

Jour 1 – 25 novembre 2021

C’est le jour 1, celui qu’on retient. A midi, j’ai mon rdv pour la séance d’hypnose, qui dure jusqu’à 13h15 à peu près. J’y suis allée sur les conseils d’un ami et, même si je n’ai pas eu les mêmes effets de transe que lui, j’espère que cette séance portera ses fruits pour compléter la volonté dont je fais preuve. En tout cas, quand je pense à vapoter et que cela m’angoisse, je me focalise sur les pigeons et les goélands qui m’apaisent. J’ai fini le livre Allen Carr hier, j’évolue dans un environnement où mes proches ne sont pas fumeurs et personne ne me met la pression pour arrêter. Cela vient d’une démarche volontaire de ma part, même si des problèmes de santé récents (qui n’ont pourtant aucun lien avec le tabac) ont une bonne part de responsabilité dans ma décision de me couper de ces toxines.

Je vis un après-midi horrible. Je passe faire mes courses de Noël sur le chemin du retour et j’ai peur de sortir du centre commercial car j’ai peur d’avoir envie de vapoter dehors. Je rentre chez moi et je tourne en rond, je ne pense qu’à vapoter. J’ai des réflexes, des habitudes, une envie de ce hit, de ce besoin de nicotine où je me rends compte que je suis en plein sevrage.

J’ai envie de vapoter mais je ne le fais pas, donc je pleure. Je veux faire mon lit mais les draps ne sont pas encore secs, je pleure. Ils sont secs mais je me prends les pieds dedans en faisant mon lit, je pleure. J’ai mal aux yeux de pleurer, j’en rigole en pleurant. Ce n’est pas de la tristesse, c’est de la nervosité extrême. Un appel avec mon compagnon me fait aller mieux car il est vrai que j’étais seule chez moi, avec personne à qui parler, une volonté de ne rien faire à part inhaler de la nicotine. Je joue à des jeux vidéo en fin de journée, lit un petit peu, fait dix minutes de relaxation et prend un petit benzodiazépine, histoire de calmer mon état anxieux (sous réserve d’en parler à votre médecin je conseille l’alprazolam qui est aussi utilisé dans le cas de sevrage alcoolique), avant d’aller dormir. Contre toute attente je ne dors pas trop mal. Je me réveille à plusieurs reprises mais ni en sueur ni en pleurs.

Jour 2 – 26 Novembre 2021

Je ne vais pas vous faire tous les jours comme ça mais je pense que les premiers sont les plus importants. C’est le premier matin depuis quinze ans que je me réveille sans inhaler de la nicotine. J’ai l’impression d’être encore dans le gaz de la séance d’hypnose d’hier (+ les pleurs pendant des heures et le benzo qui ont tous les deux surement fini de me coucher) mais pas le temps de se reposer ce matin : il y a le travail. J’avais fait exprès de ne pas travailler la veille mais ce matin il me tarde d’être occupée et de penser à autre chose. La préparation avant de partir au travail reste laborieuse : je me parle à moi-même, me motive à faire telle ou telle chose, pour éviter mon esprit de vagabonder et le recentrer sur tout sauf la vape. Je suis toutefois dans un bien meilleur état qu’hier.

Je travaille dans le recrutement. J’accueille mon candidat, je le laisse avec un exercice à faire et je retourne dans mon bureau pour vapoter commencer à rédiger mon rapport. Après l’entretien je lui octroie une pause pour aller vapoter prendre un café vanille. Je prétexte une envie d’aller aux toilettes pour vapoter pour aller vraiment aux toilettes. Ouf, bientôt l’heure du déjeuner pour aller vapoter déjeuner avec les collègues. C’est infernal, toutes ces années de mauvaises habitudes et de fausses excuses à oublier. Ca ne se fera pas en un coup mais c’est déjà une bonne nouvelle journée de faite.

Jour 3 – 27 novembre 2021

Ca y est c’est le week-end, c’est le super weekend. J’ai repris le volant. Je devais conduire avant hier mais vu mon état j’ai préféré décaler. Se sevrer c’est se lancer dans de nombreuses premières fois « sans ». J’étais un chouïa énervée (normal je cherchais où me garer dans Levallois-Perret et ai fini par me perdre à cause de toutes les rues en sens unique) mais, comme hier au travail, j’étais contente de ne pas avoir ma box sur moi. Quand j’avais arrêté les cigarettes, je suis restée pendant des semaines avec un paquet sur moi « au cas où ». Je ne l’ai jamais utilisé mais ça me rassurait. J’ai voulu ici faire l’inverse, n’avoir ni e-liquide ni vapoteuse sur moi, pour être sûre de ne pas être tentée encore plus que je ne le suis. Je pense que c’est la bonne façon de faire pour moi aujourd’hui, même si cela dépend de chacun.

Il faut aussi savoir que ma plus grosse phobie par rapport à l’arrêt du tabac, c’est la prise de poids. J’ai l’impression de me faire violence pour résister à l’appel de la cigarette électronique, mais également pour résister à aller me réfugier dans les mini Kinder ou les Monster Munch. Surtout quand je pense déjà au calendrier de l’avent que je me retiens d’ouvrir.

Jour 4 – 28 novembre 2021

Quatrième jour, autre habitude à reprendre : aller au cinéma sans vapoter. C’était compliqué et je me suis tout de même rabattue sur deux bonbons sans sucre. Il faut dire que c’était Resident Evil Bienvenue à Raccoon City, et même si j’adore la licence, c’était par moments assez longuet. Leon sacrifié sur l’autel de la lose.

Côté symptômes physiques, rien à voir avec quand j’avais arrêté la cigarette. J’ai beaucoup toussé à l’époque, ma gorge et mes bronches se sont dégagés, j’ai clairement eu plus de facilement à monter les escaliers et je me suis rapidement sentie mieux ; l’impression d’un vrai lavage de l’intérieur. Au bout de 4 jours d’arrêt de la vapote, je n’ai aucun symptôme relatifs à ceux que je viens de vous citer. Hormis une sensation d’être un peu à côté de mes pompes (fatigue, voire étourdissement) et un manque réel de nicotine. Je peux citer une irritabilité et une faculté à me réveiller à plusieurs reprises dans la nuit, même si je parvenais toujours à me rendormir rapidement. C’est cette absence de « grands symptômes » qui rend ma frustration difficile à gérer. Mon esprit part vite se demander pourquoi je m’inflige ça et se dire que ce n’était pas si grave que cela de vapoter, puisque je ne vois pas grande différence niveau santé GENRE RIGHT NOW. Evidemment, je sers les dents et me répète les directives d’Allen Carr comme un mantra :

  • Je suis libre, je suis une non-fumeuse maintenant
  • Je ne suis plus dépendante d’un poison qui me gâche la vie
  • La nicotine n’est pas une récompense mais un piège pour me faire revenir dans un cercle vicieux
  • Je n’ai rien à regretter : j’ai pris la bonne décision

Jour 6 – 30 novembre 2021

Après une autre journée plus ou moins normale, grosse crise de larmes ce matin. Je me décide à appeler Tabac Info Service au numéro gratuit 3989. Après un rapide échange, un rendez-vous avec un tabacologue m’ait attribué dès cet après-midi.

Bon. Déjà, je remercie ce service, humain, qui donne son temps pour aider tout un chacun. J’ai passé près d’une heure au téléphone avec une de leur tabacologue. Hélas, comme pour les solutions proposées sur leur site ou l’application, leur service n’est pas adapté à la cigarette électronique. On me répète que le plus dur a été fait il y a des années, quand j’ai arrêté la vraie cigarette, même si je n’en ai pas l’impression, objectivement. Les questions pour évaluer la dépendance au vapotage n’ont pas la finesse nécessaire et les solutions peuvent apparaître bancales. Cela fait presque une semaine que je n’ai pas pris de nicotine et on me conseille d’utiliser un substitut nicotinique … pour le substitut nicotinique que j’utilisais déjà ! Je comprends la démarche, qui est d’arrêter graduellement, mais je persévère dans ma volonté de ne plus réintroduire de nicotine dans mon corps, surtout quand je pense aux premiers jours de sevrage que je n’ai pas envie de subir à nouveau.

En y repensant je ne garde pas un bon souvenir de cet échange, peu adapté et culpabilisant. « C’était pas bien de vapoter en même temps que prendre la pilule« , « Vous auriez du passer par 3mg de nicotine au lieu de basculer de 6 à 0 d’un coup« , « Je vous conseille vraiment de prendre un substitut nicotinique« , « Vous devriez vous mettre au sport » (j’en fais une heure par jour depuis des années, c’est quoi ce cliché !!), etc.

A noter que j’ai encore beaucoup pleuré aujourd’hui mais cet état d’abattement dure apparemment deux / trois semaines. Et même si ce n’était pas ce à quoi je m’étais attendue, cet appel à Tabac Info Service m’a remotivée car il m’a assez énervée : je n’ai pas eu l’impression d’avoir été comprise. Je vais leur prouver que je n’ai pas besoin de nouveaux substituts !

Jour 9 – 3 décembre 2021

Plus d’une semaine et pas de sensation de dépression, ni de larmes depuis le dernier jour mentionné ! Il faut dire que je travaille à mon compte et que j’avais fait exprès de ne pas être trop occupée la semaine précédente, contrairement à ces derniers jours. Mais c’est justement le fait d’être occupée qui me fait tenir en ce moment car je suis quelqu’un qui fuit l’ennui. J’ai besoin de rester active, de partir faire du vélo d’appartement dès que j’ai un trou dans mon emploi du temps, de lire, de faire du rangement … c’est ce qui me permet de ne pas penser à la vape à chaque fois que je finis une réunion.

Je disais précédemment ne pas avoir eu de symptômes d’arrêt du tabac, et pour cause, ce n’est pas le tabac que j’ai arrêté. Donc pas de toux, pas de gorge qui gratte, pas de sensation de redécouvrir ma cage thoracique ou de sentir de nouveau les aliments. En revanche j’avoue un peu de constipation (qui est censée durer sur le premier mois), qui m’a occasionné de belles frayeurs de prise de poids (alors qu’en fait ça va). Oui je souffre de fringales, j’ai envie de grignoter mais je me retiens ou je prends des fruits au goûter ! Ca va mieux mais je ne suis pas encore hyper sereine. Je me mordille l’intérieur des joues, les lèvres, je bouge dans tous les sens, bref je ne suis pas encore sevrée psychologiquement de ma dépendance mais j’ai beaucoup plus de confiance en moi qu’en début de semaine, où je me disais que ça ne serait qu’une question de jours avant que je ne craque.

Jour 11 – 5 décembre 2021

10 jours entiers sans nicotine ! Il y a des hauts et des bas. Hier soir, prenant un verre avant d’aller rejoindre des amis dans un restaurant, je ressentais ce manque, car c’était « ma nouvelle première fois » au bar. De purs moments de quiétude interrompus par des flashes d’anxiété. Pendant quelques secondes, voire minutes, un coup au cœur, alors que je suis dans une situation que beaucoup m’envieraient, dont moi en temps normal : dans un bar de Saint-Germain des Près, un verre de Chardonnay pour le goût, un livre de Stephen King pour les yeux, une musique lounge pour les oreilles, un frémissement de gaufre pour le nez et du bois vernis sous les doigts.

Comme tout à l’heure, alors que je venais de faire un bon repas avec mes parents et que je partais me mettre au vert en bord de mer. L’angoisse d’un coup, ou plutôt la détresse. J’avais repris la voiture depuis mon arrêt mais jamais pour un temps de trajet de 2h30, sans clope, sans rien. Depuis que j’ai le permis ça ne m’était jamais arrivé. Même pendant mes cours d’auto-école, mon moniteur et moi faisions des pauses clopes au milieu de nos séances de deux heures. Une fois arrivée à bon port, ça a commencé à aller mieux, j’ai respiré, pris une bonne douche chaude, lu, regardé la télévision, continué ma vie.

J’ai d’ailleurs effectué une bonne action hier matin : rendre mon matériel de vapoteuse au Vapostore de Levallois que j’affectionnais beaucoup. J’avoue, j’ai gardé ma Dotmod, mais j’ai fait mes adieux à presque une dizaine de résistances que j’avais en rab, des accus, etc. Je donnerai les liquides entamés qui me restent à mon entourage. Allen Carr se retournerait dans sa tombe, car je me souviens bien qu’à la formation l’animateur assimilait cela à la volonté de faire mourir ses proches en leur donnant le tabac dont nous ne voulions plus. Je continue ma vie donc mais je sens que je suis exécrable par moments.

Jour 21 – 15 décembre 2021

20 jours sans nicotine et pour résumer à nouveau : des hauts et des bas. Un point d’étape avec Tabac Info Service il y a quelques jours qui ne m’a pas encore convaincue. On m’a répété que c’était bien ce que je faisais mais que je m’entêtais à ne pas prendre de substitut et donc que je pouvais retomber plus facilement dans la vraie clope. Ca fait mal à entendre et je ne sais pas si c’est vraiment productif mais oui je préfère m’acharner.

Côté symptômes physiques j’ai vraiment du prendre des médicaments pour me faciliter le transit car c’était complètement bloqué chez moi, désolée pour ces détails mais je préfère prévenir (symptôme fréquent en cas d’arrêt) et mon moral oscille entre calme, moments normaux, et une émotion vraiment à fleur de peau. Je pleure pour un rien, j’ai tout le temps faim, j’ai pris du poids (en plus d’avoir accentué ma pratique du sport ; mais nous reviendrons sur le sujet poids au bout de deux mois d’arrêt) et j’ai franchement peur pour les fêtes de fin d’année. Je me dis que je ferai un bon régime en janvier et qu’il est possible que le stress actuel + les problèmes de transit font que je pèse plus lourd qu’en réalité. On trouve l’espoir où on peut =}

Globalement, j’ai envie de dire que ça va. Hormis les à-côtés sur lesquels j’ai l’impression de pencher : des apéros à la maison plus fréquents, des fringales où je me force à me limiter à une banane pour le goûter (alors qu’avant je ne prenais jamais de goûter). S’il n’y avait pas ma phobie de prendre du poids ça irait beaucoup mieux, car c’est aussi ça qui me fait verser des petites larmes. Heureusement que j’ai l’appui de mon compagnon, moralement, sportivement et émotionnellement. Seule, je ne sais pas si je continuerai ce que j’ai l’impression de m’infliger.

Jour 22 – 16 décembre 2021

Il y a exactement trois semaines je vapotais pour la dernière fois. Ca me paraît à la fois peu et énorme. Je suis fière de moi, il faut se le dire. Mais comme je suis peu à l’aise par rapport à mon poids, j’ai acheté (pour la première fois de ma vie !) une cure pour drainer sur 10 jours. Par curiosité aussi je dois dire. Je dois boire 1 litre et demi par jour d’une boisson bizarre, couplée à mes exercices de Ring Fit et autres séances de sport, j’espère que ça portera ses fruits ! Pour vous dire clairement les choses, j’ai pris entre 2 et 3 kilos sur ces 3 semaines, qui peuvent être attribués aussi à la gourmandise pré-Noël, donc pas d’alerte plus que cela et je ne veux pas vous donner le mauvais exemple, d’où le fait que je vise à rester au poids que j’avais lors de l’arrêt.

Note bene de quelques heures plus tard : j’en ai parlé avec mon copain et, après quelques recherches, on s’est rendu compte que j’avais acheté de la camelote par rapport à l’idée que j’avais. J’ai en effet acheté une bouteille à diluer qui draine grâce à 10 plantes bio. Mais en fait, drainer ça n’apporte pas grand chose par rapport à ce que je voulais : ça me donne juste envie d’aller faire pipi toute la journée. Donc on ne va pas prendre ça en compte désolée x)

Jour 25 – 19 décembre 2021

Ok, je dois avouer que j’ai passé une assez mauvaise soirée. Le plus incompréhensible c’est que ça m’est tombé dessus comme ça. Je passais une bonne soirée, dans un bar d’Ajaccio, bien accompagnée, avec une petite dizaine de personnes. J’étais dans les conversations, je rigolais, j’étais bien. Et tout d’un coup je me suis rendue compte que je n’avais pas vraiment envie de la frite que j’étais en train de manger. Que je m’en servais pour oublier que je ne fumais plus, contrairement à la majorité des gens qui m’accompagnaient. Mais que manger et boire contribuaient à me faire grossir et donc me rendre mal. Et que donc j’étais à la terrasse d’un bar en plein mois de décembre mais que je ne pouvais pas vapoter, ni manger, ni boire, car tout cela je me l’interdisais ou culpabilisais.

Et que tous ces gens de mon groupe n’avaient pas ce problème. Ils étaient plus jeunes que moi, profitaient de la vie sans se soucier du lendemain, comme je l’étais avant, et ils avaient l’air si heureux. J’avais passé d’autres soirées à l’extérieur depuis mon arrêt, comme chez des gens, mais là j’ai eu une crise de détresse, un bad trip mental ou que sais-je. Heureusement, je suis ressortie en soirée depuis, avec un bien meilleur état d’esprit. Comme si j’avais besoin de pleurer un bon coup. Il paraît que les symptômes dépressifs liés au manque s’estompent dans les 3 semaines, jusqu’à 3 mois après l’arrêt : je tiens le bon bout.

Jour 30 – 24 décembre 2021

Qu’est-ce que cet article est long, vous m’en voyez navrée. J’ai eu il y a quelques jours le dernier point de suivi avec Tabac Info Service. Enfin, on avait calé le point d’un quart d’heure à 11h, on m’a rappelé la veille d’être ponctuelle, et on m’a appelée le jour même à 11h40 alors que je n’avais plus de temps devant moi, donc ça a été bref, j’ai expliqué que je n’avais pas craqué, que j’étais toujours vierge de nicotine depuis un mois. On peut maintenant dire que je n’en ai plus dans le corps, ni ses dérivés. Et normalement les mauvaises habitudes sont aussi perdues, même si j’ai fait du troc sur certains aspects, comme remplacer la vape par du popcorn au cinéma (s’il vous plaît, faites que je ne tombe pas dans ce piège !). Je pense publier cet article la fin janvier, quand j’aurai passé les excès des fêtes, avec succès je l’espère.

Jour 50 et quelques – 20 janvier 2022

Cela fait presque deux mois que j’ai arrête de vapoter et je pense qu’il est temps de publier cet article. En effet, ce sont les premières semaines qui sont les plus difficiles et sur lesquelles je voulais raconter mon vécu. Je vais beaucoup mieux que fin novembre, date de l’arrêt. Je suis encore à fleur de peau sur certains sujets mais je ne pleure plus sans raison. J’ai du prendre entre 1 et 2 kilos au global mais je n’ai même pas eu le temps de faire de régime avec les fêtes, un séjour dans le Périgord et une soirée raclette encore prévue ce soir. Tout ça pour dire que j’ai fait attention mais je ne me suis pas privée pour autant. Je me sens bien, cela ne me manque plus au cinéma (et j’ai arrêté le popcorn aussi, merci l’interdiction de manger au cinéma en ce moment) et je me sens libérée d’un poids.

Je suis beaucoup plus sereine qu’il y a quelques semaines et je pense que je vais tenir bon 🙂


Tout dépend toujours de l’état d’esprit dans lequel chacun est, mais arrêter de vapoter a été une grande mise à l’épreuve me concernant. J’ai remis en cause beaucoup de choses, souvent d’un point de vue négatif : si on m’enlève ça, quel plaisir me reste-t-il dans ma journée alors même que je dois en plus faire attention à ce que je mange pour ne pas grossir ? J’avais l’impression (surtout la première semaine) de devoir faire des concessions sur tout et de retirer toute notion de plaisir de mon existence. Jusqu’à me demander pourquoi je m’infligeais cela. Que ça ne serait pas si grave de revapoter, voire juste un peu, ou encore plus en cachette par rapport à avant, etc. Je me suis vraiment fait violence pour ne pas craquer et à chaque fois que je passais outre je me disais que ça n’était qu’une question de temps avant que je ne craque. J’ai aussi eu la chance d’avoir mon compagnon qui me soutenait sans me mettre la pression. C’est en grande partie pour lui que je me suis battue car je ne voulais pas le décevoir, pas paraître faible, indigne, alors même qu’il ne m’imposait pas d’arrêter. Il est vrai que je n’avais pas de réelle motivation pour arrêter de vapoter à part « c’est mieux d’arrêter ». C’est ce qui m’a donné le plus de fil à retordre : de n’avoir pas une motivation aboutie pour soutenir ma volonté.

J’espère que cet article aura pu vous donner des éléments de réponse ou peut-être vous aider dans votre démarche d’arrêter la vape. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à mettre un commentaire et je me ferais un plaisir d’y répondre, car je sais que ce n’est pas une étape évidente.

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