Alors que l’infime probabilité de la sortie de la saison 9 continue de faire parler d’elle et que j’avais commencé à organiser mon périple pour Miami, j’ai visionné pour la seconde fois l’intégralité des huit saisons qui composent la série Dexter. Seule série à ce jour que je me suis amusée à revisionner, et avec le même plaisir. Cet épisode final durement jugé est-il mauvais ou peut-il être noté de façon plus indulgente ?
J’avoue que je me souvenais de beaucoup d’éléments marquants, du surprise motherfucker à la mort de nombreux personnages principaux, mais il y a un certain nombre de situations que j’ai redécouvertes, cinq ans après. Ayant visionné la série pendant huit ans et l’ayant cette année murgée en un peu plus d’un mois, je dois dire que j’ai eu aussi quelques problèmes avec la chronologie. Des éléments que je croyais rapprochés étaient éloignés dans le temps, et d’autres que je pensais voir arriver bien avant, ont tardé à apparaître.
Le dernier épisode de Dexter se déroule alors que ce dernier a planifié de disparaître en Argentine avec sa compagne recherchée par la police (Hannah McKay) et son fils. Devant tuer un dernier criminel avec de partir (le fils de la psychiatre Evelyn Vogel, interprétée par Charlotte Rampling, celle qui a créé le code qui a servi de base à Dexter), Dexter se rétracte et laisse Debra se charger de son arrestation, qui lui servira pour reprendre sa place au sein de la police avec les honneurs. Hélas, le meurtrier se défend en tirant sur Debra, balle non mortelle, qui l’oblige à subir une opération. Dexter est alors contacté par ses collègues qui lui annoncent la nouvelle et il décide de retarder son départ afin de s’assurer que Debra ne risque rien, pendant que Hannah McKay et son fils partent en Argentine pour l’attendre sur place. L’opération de Debra ne se déroule pas comme prévu et suite à un arrêt respiratoire prolongé, elle perd ses facultés neurologiques, la condamnant à vivre le reste de sa vie dans un état végétatif.
Dexter se débrouille pour tuer son meurtrier en le faisant passer pour un cas de légitime défense, et même si Quinn et Batista ne sont pas dupes, ils comprennent la douleur de Dexter et la partagent. Profitant du cyclone approchant sur Miami et l’agitation générale qui en découle, Dexter débranche le respirateur artificiel de Debra et l’emmène sur son bateau. Il jette le corps de Debra à la mer et fonce droit vers la tornade.
Beaucoup ont critiqué la fin de Dexter pour les dernières minutes qui ont suivi les scènes que je viens de vous raconter. On y voit Dexter, ayant refait sa vie dans on ne sait quel Etat, comme bûcheron, encore ravagé par le chagrin. Je comprends cette fin, qui peut être motivée par un souhait de conserver le personnage principal vivant, mais j’avoue que la fin aurait été bien plus impressionnante si elle finissait sur le suicide de Dexter en pleine mer. Le scénariste Scott Buck a même précisé : « J’ai fini la série de la manière qui me semblait la plus honnête possible par rapport au personnage de Dexter. Dans mon esprit, Dexter a toujours été celui qui serait capable de survivre. »
Même si les dernières minutes et ce Dexter en mode bûcheron ont pu gâcher cette fin de série dans l’esprit de beaucoup de monde, je fais cet article pour réhabiliter ce dernier épisode, qui pour moi est l’un des plus forts que la série ait connue.
Il faut pour comprendre cela reprendre au début de cette saison. Debra est au courant que son frère est un tueur en série depuis une saison déjà. A la fin de la saison 7, elle choisit de tuer sa supérieure hiérarchique au sein de la police afin que son frère n’aille pas en prison. Au début de la saison 8, nous retrouvons une Debra Morgan qui a quitté son poste de lieutenant pour travailler dans une agence de détectives privés. Les premières scènes sont éloquentes : droguée, ne prenant plus soin d’elle, alcoolique, perdue, Debra n’est plus que le fantôme d’elle-même. Le physique qui la représente en ce début de saison reprend celui qu’elle avait au début de la série, quand elle n’avait pas confiance en elle, ni en personne. Elle en veut à son frère de lui avoir fait faire ce choix et s’en veut de l’avoir choisi lui, tout en sachant au fond d’elle qu’elle le referait si l’occasion se présentait. La réconciliation entre le frère et la sœur prend beaucoup d’épisodes et même s’ils redeviennent proches, les protagonistes et les spectateurs sont conscients que rien ne sera jamais plus comme avant.
C’est en parvenant à dépasser le monstre qui est en lui, son dark passenger, et en plaçant sa sœur au-dessus de ses pulsions meurtrières que Dexter va malgré lui être responsable au second degré de la mort de Debra. La volonté de suicide de Dexter suite à ces événements n’est pas incohérente. Même s’il tient à son fils, il le sait en sécurité auprès d’Hannah et ne tient à mon avis pas à vivre avec sur la conscience la mort des personnes qui lui ont été le plus proche : son père, Rita, Vogel et surtout Debra. Les dernières minutes de la série sont aussi bien une volonté de fan service que d’ouvrir sur une possible vie meilleure, après des années de reconstruction, dans un environnement destructeur au sens premier du terme, si l’on en croit son nouveau métier.
La fin de Dexter n’est pas une mauvaise fin si l’on considère la dernière saison, voire le dernier épisode dans son ensemble, mais elle a subi la mauvaise publicité faite par la scène finale. Malgré quelques longueurs et des antagonistes plus ou marquants selon les saisons, Dexter reste encore à ce jour une bonne série télévisée. La psychologie des personnages est bien traitée et l’évolution se fait en douceur au fil des épisodes. Je regrette quelques raccourcis (notamment entre les saisons) qui expliquaient de manière trop brève la disparition de tel ou tel personnage mais je retiens une série forte, mêlant adroitement suspense et comédie par moments, qui a su se détacher de l’oeuvre originale pour surprendre ses spectateurs.