thriller

Piège pour Cendrillon [Théâtre Michel]

Un splendide Azzopardi comme je les aime. Adorant ce metteur en scène, j’ai profité de la première semaine de représentations pour m’offrir les places aux prix réduits en carré VIP, liées au lancement pour faire un peu de publicité quand une pièce commence et cherche à se faire connaître. Je précise qu’il était inutile de m’offrir une coupe de campagne pour que je me décide à dire du bien de cette pièce, que j’ai énormément appréciée (même si La Dame Blanche reste pour moi l’indétrônable, devant Chapitre XIII – pour ne citer que les thrillers). Si tu cliques sur les liens, tu tomberas sur mes précédents articles sur ces pièces.

D’une durée courte (1h20 rappels compris), Piège pour Cendrillon est une adaptation du livre de Sébastien Japrisot paru en 1963. L’intrigue de base est simple : une jeune femme est retrouvée vivante, mais avec des complications physiques et mentales, après avoir subi l’incendie d’une propriété, où une autre femme a perdu la vie. Souffrant d’amnésie, elle ne se souvient plus de beaucoup d’éléments, jusqu’à ne plus savoir ce qu’elle faisait à cet endroit … et avec qui. La suite (et surtout le dénouement dont je ne parlerai évidemment pas) est nettement plus complexe. J’avoue avoir voulu raconter la pièce à mes parents et j’ai eu beaucoup de mal à leur décrire l’histoire et les rebondissements car il faut vraiment les vivre pour les comprendre et les apprécier à leur juste mesure.

J’ai été bluffée par les 4 acteurs et encore plus les deux actrices principales Alyzée Costes et Nassima Benchicou, qui excellent dans les retournements de situation et de tempérament. La mise en scène est impeccable (exemple sur l’image plus haut), comme toujours chez Azzopardi, grâce aux mélanges de musiques, de lumières, d’effets, qui permettent une immersion totale et un sentiment de vivre l’histoire avec ses protagonistes.

J’espère que cette pièce fera un carton car elle continue dans la lignée des spectacles différents des théâtres de boulevard et autres lieux communs qu’on ne voit que trop. Encore bravo aux acteurs et à tout le staff qui nous permettent de découvrir de belles pépites comme celle-ci.

Au théâtre Michel, au moins jusqu’au 30 novembre 2019.

Chapitre XIII au Théâtre Tristan Bernard

Comme bien souvent, j’agis au coup de cœur et selon les publicités qui peuvent se montrer sous mes yeux, surtout en ce qui concerne les sorties cinéma et théâtre. J’ai donc vu cette semaine l’affiche pour Chapitre XIII, au Théâtre Tristan Bernard, et ai vu la pièce dans la foulée !

Pièce de Sébastien Azzopardi (qui m’avait déjà ravie avec La Dame Blanche, qui reste pour moi l’une des meilleures pièces qui m’ait été donné de voir), l’histoire est un huis clos se déroulant dans un monastère. Il n’en fallait pas plus pour que le scénario de base me plaise. A cela s’ajoute un romancier qui écrit des scènes horrifiques … qui se réalisent dans la vraie vie, où nous découvrons qu’un tueur en série sévit aux alentours du monastère.

J’arrête ici de décrire l’intrigue car il est très important de découvrir tout cela sur place. Les meurtres sont particulièrement bien réalisés et les effets spéciaux si réalistes que certains spectateurs sont partis en cours de route : à réserver à un public averti donc. En tout cas averti des scènes morbides qu’on risque de voir. Bien que nous ne soyons pas dans une pièce participative (au sens où on pourrait vous faire monter sur scène), nous sommes tout de même dans une atmosphère interactive, où l’action ne se limite pas à la simple scène et déborde dans l’orchestre, voire plus. Cela me fait toujours autant plaisir de voir cette liberté prise et cette immersion du spectateur dans les événements.

Chapitre XIII nous ravit également de par le nombre d’acteurs présents sur scène, les costumes, le décor, les effets sonores et visuels, l’intrigue bien menée et les différents rebondissements. Pendant près de deux heures, vous serez emportés par l’histoire et, je l’espère, en ressortirez aussi enjouée que je l’ai été.

Depuis le 21 septembre 2018 au théâtre Tristan Bernard à Paris

Le dernier épisode de Dexter [spoiler évident]

Alors que l’infime probabilité de la sortie de la saison 9 continue de faire parler d’elle et que j’avais commencé à organiser mon périple pour Miami, j’ai visionné pour la seconde fois l’intégralité des huit saisons qui composent la série Dexter. Seule série à ce jour que je me suis amusée à revisionner, et avec le même plaisir. Cet épisode final durement jugé est-il mauvais ou peut-il être noté de façon plus indulgente ?

J’avoue que je me souvenais de beaucoup d’éléments marquants, du surprise motherfucker à la mort de nombreux personnages principaux, mais il y a un certain nombre de situations que j’ai redécouvertes, cinq ans après. Ayant visionné la série pendant huit ans et l’ayant cette année murgée en un peu plus d’un mois, je dois dire que j’ai eu aussi quelques problèmes avec la chronologie. Des éléments que je croyais rapprochés étaient éloignés dans le temps, et d’autres que je pensais voir arriver bien avant, ont tardé à apparaître.

Le dernier épisode de Dexter se déroule alors que ce dernier a planifié de disparaître en Argentine avec sa compagne recherchée par la police (Hannah McKay) et son fils. Devant tuer un dernier criminel avec de partir (le fils de la psychiatre Evelyn Vogel, interprétée par Charlotte Rampling, celle qui a créé le code qui a servi de base à Dexter), Dexter se rétracte et laisse Debra se charger de son arrestation, qui lui servira pour reprendre sa place au sein de la police avec les honneurs. Hélas, le meurtrier se défend en tirant sur Debra, balle non mortelle, qui l’oblige à subir une opération. Dexter est alors contacté par ses collègues qui lui annoncent la nouvelle et il décide de retarder son départ afin de s’assurer que Debra ne risque rien, pendant que Hannah McKay et son fils partent en Argentine pour l’attendre sur place. L’opération de Debra ne se déroule pas comme prévu et suite à un arrêt respiratoire prolongé, elle perd ses facultés neurologiques, la condamnant à vivre le reste de sa vie dans un état végétatif.

Dexter se débrouille pour tuer son meurtrier en le faisant passer pour un cas de légitime défense, et même si Quinn et Batista ne sont pas dupes, ils comprennent la douleur de Dexter et la partagent. Profitant du cyclone approchant sur Miami et l’agitation générale qui en découle, Dexter débranche le respirateur artificiel de Debra et l’emmène sur son bateau. Il jette le corps de Debra à la mer et fonce droit vers la tornade.

Beaucoup ont critiqué la fin de Dexter pour les dernières minutes qui ont suivi les scènes que je viens de vous raconter. On y voit Dexter, ayant refait sa vie dans on ne sait quel Etat, comme bûcheron, encore ravagé par le chagrin. Je comprends cette fin, qui peut être motivée par un souhait de conserver le personnage principal vivant, mais j’avoue que la fin aurait été bien plus impressionnante si elle finissait sur le suicide de Dexter en pleine mer. Le scénariste Scott Buck a même précisé : « J’ai fini la série de la manière qui me semblait la plus honnête possible par rapport au personnage de Dexter. Dans mon esprit, Dexter a toujours été celui qui serait capable de survivre. »

Même si les dernières minutes et ce Dexter en mode bûcheron ont pu gâcher cette fin de série dans l’esprit de beaucoup de monde, je fais cet article pour réhabiliter ce dernier épisode, qui pour moi est l’un des plus forts que la série ait connue.

Il faut pour comprendre cela reprendre au début de cette saison. Debra est au courant que son frère est un tueur en série depuis une saison déjà. A la fin de la saison 7, elle choisit de tuer sa supérieure hiérarchique au sein de la police afin que son frère n’aille pas en prison. Au début de la saison 8, nous retrouvons une Debra Morgan qui a quitté son poste de lieutenant pour travailler dans une agence de détectives privés. Les premières scènes sont éloquentes : droguée, ne prenant plus soin d’elle, alcoolique, perdue, Debra n’est plus que le fantôme d’elle-même. Le physique qui la représente en ce début de saison reprend celui qu’elle avait au début de la série, quand elle n’avait pas confiance en elle, ni en personne. Elle en veut à son frère de lui avoir fait faire ce choix et s’en veut de l’avoir choisi lui, tout en sachant au fond d’elle qu’elle le referait si l’occasion se présentait. La réconciliation entre le frère et la sœur prend beaucoup d’épisodes et même s’ils redeviennent proches, les protagonistes et les spectateurs sont conscients que rien ne sera jamais plus comme avant.

C’est en parvenant à dépasser le monstre qui est en lui, son dark passenger, et en plaçant sa sœur au-dessus de ses pulsions meurtrières que Dexter va malgré lui être responsable au second degré de la mort de Debra. La volonté de suicide de Dexter suite à ces événements n’est pas incohérente. Même s’il tient à son fils, il le sait en sécurité auprès d’Hannah et ne tient à mon avis pas à vivre avec sur la conscience la mort des personnes qui lui ont été le plus proche : son père, Rita, Vogel et surtout Debra. Les dernières minutes de la série sont aussi bien une volonté de fan service que d’ouvrir sur une possible vie meilleure, après des années de reconstruction, dans un environnement destructeur au sens premier du terme, si l’on en croit son nouveau métier.

La fin de Dexter n’est pas une mauvaise fin si l’on considère la dernière saison, voire le dernier épisode dans son ensemble, mais elle a subi la mauvaise publicité faite par la scène finale. Malgré quelques longueurs et des antagonistes plus ou marquants selon les saisons, Dexter reste encore à ce jour une bonne série télévisée. La psychologie des personnages est bien traitée et l’évolution se fait en douceur au fil des épisodes. Je regrette quelques raccourcis (notamment entre les saisons) qui expliquaient de manière trop brève la disparition de tel ou tel personnage mais je retiens une série forte, mêlant adroitement suspense et comédie par moments, qui a su se détacher de l’oeuvre originale pour surprendre ses spectateurs.

L’Eventreur [Théâtre Essaion]

J’ai connu le théâtre Essaion par le biais de la pièce sur le Comte de Monte-Cristo en fin d’année dernière. J’ai redécouvert ce même théâtre le weekend dernier, en aidant un proche qui montait son propre décor avant sa représentation, en en profitant pour fureter dans les coulisses et préparer le café dans la cuisine des pro. Bref, le théâtre Essaion, je m’y sens un peu comme chez moi maintenant. Et pendant que je furetais, j’ai mis la main sur un tract faisant la publicité de la pièce l’Eventreur, jouée tous les samedis en fin d’après-midi. Assez férue des pièces de thriller, voire même d’horreur (comme on peut le déduire grâce à mes précédents billets sur La Peur, Piège Mortel, La Dame Blanche, etc.), je n’ai pas eu besoin de beaucoup réfléchir pour me décider à aller voir la pièce à la prochaine représentation, soit hier.

Par le biais d’un style évidemment très british, nous suivons les principaux meurtres de Jack l’Eventreur, en présence des enquêteurs cherchant à débusquer le criminel et des victimes ayant succombé à ses attaques. Pour rappel, Jack l’Eventreur a sévi à Londres en 1888, en tuant pas moins de cinq prostituées (voire onze personnes, voire même beaucoup plus), sans que l’on ne sache jusqu’à aujourd’hui encore qui se cachait derrière ce sobriquet.

Zut, j’arrive et je vois qu’il y a déjà une dizaine de personnes devant moi. Je voulais être bien située, je ne voulais pas qu’on me pique mes places préférées. Fort heureusement, je me suis vite souvenue qu’au théâtre, les spectateurs n’aiment pas les premiers rangs (encore plus quand on sort du cadre de la comédie), j’ai donc pu prendre mes aises comme j’en ai l’habitude, au tout premier rang. J’ai au début eu peur de voir une comédie musicale (ce qui n’est pas mon genre préféré), mais la pièce n’en est pas une. Elle inclut la musique dans son récit, sans que ce dernier ne tourne autour d’elle. Ce qui m’a beaucoup frappée a été la précision des détails narrés par les personnages, tant chirurgicale que franche. Les victimes de l’éventreur ont subi de graves blessures, voire même une destruction forte de leurs organes (imaginez-vous lire du Maxime Chattam), mais le tout est décrit de façon honnête et dure, sans fioriture, ce qui glace d’autant plus que c’est bel et bien la réalité des faits. La façon qu’a le narrateur de raconter l’histoire est également précise et très bien tournée. On est face à de la belle écriture, des phrases qui font mouche et prêtent à sourire comme à réfléchir.

Je ne peux pas m’avancer plus que cela dans l’histoire car il est important de découvrir le reste sur scène. Les trois acteurs jouent chacun plusieurs personnages et sont vraiment crédibles dans leur discours comme dans leurs actes. Je n’ai pas pu aller boire un verre avec eux en sortant (terrible dilemme en un soir de l’Eurovision) mais leur entrain et leur investissement sont bien réels, ce qui donne vraiment envie de les encourager pour la suite.

Vous trouverez les horaires du spectacle sur le site du théâtre Essaion, et à savoir que des prix découvertes sont actuellement en vente sur BilletReduc.

Ghostland

Après des années d’attente (principalement pour les fans, car le grand public ne s’était pas forcément penché tant en amont sur la question), Ghostland est enfin sorti au cinéma, plus précisément ce mercredi.

Je ne vais pas une énième fois présenter Pascal Laugier (The Secret, Martyrs – qui faisait déjà partie de la courte liste de films d’horreur à sortir en salles avec une interdiction aux moins de 16 ans), qui compte parmi mes réalisateurs de films d’horreur préférés, avec Alexandre Aja, pour ne citer que les frenchies, mais vais plutôt m’attarder sur le film en lui-même … et sa diffusion.

Car il fallait bien que je commence par un coup de gueule. Dans Paris intra-muros, seulement 9 cinémas (sur la centaine qui existe) diffusent le film ! UGC s’est encore une fois dédouané de projeter un film d’horreur dans la totalité de ses cinémas (vous le trouverez donc uniquement à Bercy et aux Halles, dans une salle pas trop petite, contrairement à celles précédemment attribuées à Insidious ou Grave) et l’interdiction aux moins de 16 ans (que j’ai trouvé fort à propos) ne vont pas aider à attirer un grand nombre de spectateurs en salles. J’ai bien peur que ces deux points entachent fortement le succès au box-office du film, pourtant bien reçu par la critique…

D’une durée d’1h30, le film en lui-même est bon. Bien tourné, bien réalisé et avec une façon décalée de filmer certaines scènes (un rapide passage en style caméra embarquée, ou encore une caméra ciblée sur une des héroïnes lors de ses déplacements dans la maison, ne nous permettant pas de voir ce qu’il peut bien se passer autour), il dispose d’une esthétique soignée. L’histoire commence par une home invasion, qui a toujours son effet peu importe le style de film mis en avant (dont Mother! dernièrement), où Pauline (Mylène Farmer) et ses filles (Crystal Reed et Emilia Jones) vont subir une brutale attaque de la part de deux inconnus au sein de leur nouvelle maison. S’en suivent les dégâts psychologiques subis par les filles et leur volonté de s’en sortir malgré tout.

Pendant la bonne première demi-heure du film, j’ai eu du mal à me détacher de l’actrice Mylène Farmer (pour son second long-métrage, 24 ans après le premier) pour me focaliser sur le personnage, ce qui ne m’arrive jamais. Pour moi, c’était Mylène Farmer et pis c’est tout, mais ce n’était en aucun cas de sa faute car je dois avouer qu’elle colle très bien à son personnage. M’ayant volontairement bouché les oreilles depuis l’avant-première au Grand Rex lundi soir, je ne connaissais pas en détails le pitch de base. J’ai donc eu des difficultés à cibler le genre d’horreur dans lequel Ghostland se situe : épouvante, surnaturel ou gore. Il est au final tout sauf surnaturel, et le gore étant autant psychologique que physique, justifie l’interdiction à un jeune public.

L’évolution des personnages mais aussi celle du film est surprenante et part dans différentes directions. La fin peut d’ailleurs s’interpréter de plusieurs manières, tout en apportant tout de même une conclusion. Il est donc probable que je retourne le voir une seconde fois, pour mieux appréhender une bonne partie du film qui ne fait sens qu’après avoir pleinement compris l’histoire dans son ensemble. Sans être un film révolutionnaire, Ghostland est un bon film d’horreur, sans temps mort qui, je l’espère, restera assez longtemps au cinéma pour permettre de palier le faible nombre de salles le diffusant.

Pour ceux qui ont déjà vu le film, je vous conseille le très bon article d’Oblikon, par Christopher Guyon, sur l’analyse des personnages et du film.

La Peur [Théâtre-Michel]

Je continue ma tournée des théâtres parisiens, cette fois avec le Théâtre Michel, basé rue des Mathurins à Paris, où je suis allée voir la pièce La Peur.

Influencée par le titre, je pensais voir (comme c’est dans mes habitudes) une pièce traitant du domaine du surnaturel et / ou de l’horreur. Que nenni ! Sans spoiler une seule seconde les événements, je peux toutefois vous dire qu’on est plus dans le genre du suspense / thriller, en suivant les mésaventures d’une femme infidèle. On sait dès le début de la pièce que cette dernière trompe son mari et qu’elle a été démasquée par la dame cocue. Celle-ci va alors exercer du chantage sur la première, poussée par la colère et la vengeance.

Adaptée de la nouvelle de Stefan Zweig, la pièce est littéralement portée par seulement trois acteurs : Hélène Degy (la femme adultère), Aliocha Itovich (l’homme trompé) et Ophélie Marsaud (l’autre femme trompée). Hélène Degy ayant d’ailleurs été sélectionnée aux Molières 2017 dans la catégorie révélations féminines. A l’affiche depuis octobre 2016, elle y restera jusqu’à la toute fin de l’année 2017 (période de relâche actuellement – j’ai bien fait d’y aller hier soir – les représentations reprendront le 5 octobre).

On ne voit absolument pas le temps passer pendant l’1h15 que dure la pièce. Avec des décors simples mais efficaces, un jeu très bon et proche du public et un sens du thriller assez poussé, tout est là pour nous faire passer un bon moment. J’ai même eu ma petite larme aux yeux à la fin car le sujet traité me tient particulièrement à cœur. Je précise également que c’est une sortie bien abordable puisque les places à plein tarif commencent à partir de 19€. N’ayez pas peur et allez-y !