J’ai vu le film Annihilation à sa sortie sur Netflix en mars dernier. Et je ne l’ai vraiment, mais alors vraiment pas apprécié. Je viens pourtant de le regarder une seconde fois.
En effet, lors de sa sortie, étant plutôt fan de science-fiction et de dystopie, j’étais ravie de découvrir cette oeuvre que je ne connaissais pas auparavant (alors que j’aurais du). Ayant été passablement déçue par l’avancée de l’intrigue, l’équipe purement féminine (que j’ai assimilée rapidement à tout l’esprit de féminisme actuel que je partage très moyennement) ou encore le traitement des événements, j’en suis ressortie déçue et ai complètement oublié ce film jusqu’à la semaine dernière.
Lisant en moyenne entre un et deux livres par semaine, je suis tombée sur Annihilation en format poche, de Jeff Vandermeer, et le pitch de quatrième de couverture m’a interpellée : une expédition qui part dans une zone mystérieuse et mortelle, provoquant suicides, meurtres, troubles mentaux … Bref, tout pour me plaire ! Ce n’est qu’au bout d’une quinzaine de pages que j’ai fait le rapprochement entre le livre et l’adaptation qui en a été faite cette année par Alex Garland, ayant récemment réalisé l’excellent Ex Machina.
Le livre est assez brouillon dans ses prémices. Voulant décrire convenablement le décor, sans trop en dire non plus pour conserver tout un aura de mystère. A côté de cela, les personnages sont rapidement identifiables puisqu’ils ne sont qu’au nombre de quatre et sont chacun décrits par leur fonction au sein du groupe : géomètre, psychologue, anthropologue et biologiste, notre narratrice. Cette dernière nous précisant dès les premières pages qu’il ne sert en effet à rien de retenir leurs noms puisqu’elle se retrouvera très vite toute seule au bout de quelques jours. Le décor est donc posé, l’ambiance générale également. Comme la biologiste, nous avançons à tâtons, dans une zone qui semble créée par l’homme suite à des essais nucléaires ou assimilés. La narratrice est plus ou moins honnête avec nous, même si nous nous rendons rapidement compte qu’elle distille les informations au compte-gouttes.
Ce qui a du être extrêmement complexe à adapter, et donc rendant l’histoire sur les écrans confuse, est l’importance des pensées de la narratrice. Évoluant beaucoup seule, elle analyse, critique, se rend des comptes à elle-même sur les situations, les lieux et les événements. Ce point de vue narratif interne n’est pas le plus aisé à reproduire au-delà d’un livre et je conseille fortement de voir le film après avoir lu l’oeuvre originale.
Lors du premier visionnage, j’avais pourtant fait mon possible pour comprendre l’oeuvre, regardant beaucoup de vidéos et articles explicatifs sur la dépression ambiante, la fin possible, etc. Malgré de bons effets spéciaux et une ambiance immersive, il manquait toujours comme un petit quelque chose. En lisant l’ouvrage, on réalise que ce petit quelque chose réside en l’importance cruciale des réflexions de la biologiste, de ses souvenirs, de ses attentes. De tout ce qui n’est pas dit mais sur quoi repose pourtant l’avancement de l’histoire. Pour ne rien faciliter, le film commence par la fin, sans doute pour plonger rapidement le spectateur dans l’expectative en montrant dès le début qu’il y a véritablement un problème avec la zone X.
Nous découvrons notre personnage principal, interprété par Natalie Portman, dans une phase de dépression sévère et plutôt renfermée sur elle-même. Point sur lequel insiste moins le livre, notamment en lien avec la disparition de son mari. Dans l’ouvrage original, elle a toujours été ainsi, beaucoup plus introvertie que celui-ci, focalisée sur la science et peu ouverte aux conventions sociales, ce qui n’est pas qu’une conséquence de leur séparation.
Bien qu’abordant les mêmes principaux thèmes que le livre (réincarnation, deuil, auto-destruction, méfiance), le film parvient à les mettre en images de la façon la plus convenable qui soit. La violence est telle que décrite dans l’oeuvre et les actions, bien que plus hollywoodiennes qu’on pourrait le croire, sont fidèles au descriptif original.
Annihilation est un bon film comparativement à ce qui peut se faire, mais qui devient meilleur encore quand on a le matériau de base auquel se raccrocher.