J’ai acheté Cyberpunk comme, je pense, 95% des gens qui ont le jeu (quelques 13 millions de personnes), c’est à dire l’année dernière, avant que la mauvaise publicité ne prenne la suite de sa sortie en grande pompe. Les publicités (en amont, c’est à dire les bonnes) étaient partout : sur internet, comme dans la vraie vie. Comme par exemple dans Paris ou sur, ci-dessous, le parvis de La Défense, où il était difficile de passer à côté. En France pourtant, j’ai eu l’impression que les pubs avaient un petit train de retard car je me souviens avoir déjà commencé à jouer avant de les voir.
J’ai donc lancé pour la première fois Cyberpunk en décembre dernier, j’y ai joué 2-3 heures et puis … plus rien. Je joue sur PC et, sans être un ordinateur de gamer, il tient quand même la route. Je sentais le ventilo s’exciter un peu mais aucun problème de mémoire vive ou de carte graphique. Pourtant, quelques bugs visuels étaient bien présents (de texture principalement entre des premiers et des arrières plans), mais loin derrière ce qu’avaient l’air d’avoir les joueurs console.
Je n’ai pas continué avant plusieurs mois (j’ai relancé le jeu en avril, soit 4 mois plus tard), car je trouvais que ça causait beaucoup trop. C’est au bout de 6 heures de jeu que j’ai enfin atteint l’intro, ne réalisant pourtant que les missions de la quête principale. Et durant ces 6 heures, j’avais déjà commencé depuis la moitié à accélérer les passages de discussion (et encore, accélérer, c’est juste accélérer l’affichage du texte à l’écran, rien n’est zappé pour autant). Je comprends la volonté du studio de rendre ce jeu immersif et bon sang il l’est, mais beaucoup de passages s’attardent longtemps sur des sujets qui n’ont que peu d’importance, sans pour autant qu’ils ne soient des points de chargement dissimulés (ah les ascenseurs dans Mirror’s Edge !).
C’est donc en arrivant vraiment à l’histoire principale (c’est à dire en voyant enfin Keanu, j’avoue), que j’ai réussi à me prendre au jeu, avant tout grâce à la netteté du design, les cinématiques in-game impressionnantes (dont les courses poursuites) mais aussi aux mises à jour qui ont été faites depuis (celle de février principalement). Car oui, le jeu s’est fait basher à sa sortie, mais il ne s’est pas tourné les pouces depuis, et ça se sent dans la fluidité, mais dans l’optimisation des ressources également.
Même si je ne pense pas compléter le jeu (si d’ailleurs cela est réellement possible), j’aimerais essayer de revaloriser l’image de CD Projekt RED. Le jeu a du précipiter sa sortie pour des raisons de pression commerciale et de la part du public principalement. Si le studio souhaitait décaler sa sortie c’est qu’il estimait qu’il n’était pas prêt, et surtout sur console. Sur ordinateur ce n’était pas trop mal à la sortie, et même sans mettre toutes les caractéristiques en mode optimum on est sur une très bonne qualité d’image. Alors oui, le doublage laisse parfois à désirer (dans le lip sync j’entends, pas dans le ton et la façon d’interpréter les personnages, qui sont très bien faits) et on aimerait une meilleure jouabilité sur certains aspects, mais le rendu est à mes yeux plus que correct. CD Projekt RED a voulu faire un jeu novateur dans son environnement plus que dans son gameplay (au passage, très bonne interaction entre manette + clavier quand je jouais aux deux en même temps), car oui, on connaît déjà Borderlands (dont le 3 était sorti pile poil avant le confinement premier du nom, soit 7 ans après Borderlands 2 !) et les autres jeux qui fonctionnent sur ce modèle (The Witcher, pour rappeler le précédent succès du studio), mais c’est l’environnement qui prime ici.
Et il va sans dire que le pari est réussi, malgré la déveine que le studio a connu : 270 millions d’euros de budget (l’un des jeux les plus chers, mais le marketing a rogné une belle part je pense), début du projet Cyberpunk en 2012, 13 millions de copies vendues (dont 8 millions de précommandes), retrait du Playstation Store 8 jours seulement après sa sortie, remboursements en pagaille (difficile de trouver le nombre exact mais il serait question de 120 millions d’euros de remboursement), actions collectives de plaintes contre le studio, DLC gratuits qui vont bientôt sortir à l’heure où j’écris ces lignes, j’en passe et des pires, je suis finalement contente d’avoir acheté le jeu. On ressent les années de travail passées derrière car je m’en fiche de ne pas pouvoir avoir une discussion de dix minutes avec chaque PNJ. Les joueurs sont devenus durs, peut-être parce qu’on leur avait vendu du rêve, peut-être parce qu’ils ont compris qu’ils pouvaient avoir le beurre et l’argent du beurre, peut-être parce qu’on ne peut plus être surpris de rien maintenant.