Stephen King

Mes Lectures du re-reconfinement

C’est reparti pour un tour ! Afin de ne prendre que le meilleur de ces périodes troubles, retour pour la troisième fois sur mes lectures, et en particulier celles qui m’ont occupée en ce mois d’avril 2021.

Si ça Saigne [Stephen King]

Rassemblant plusieurs nouvelles (chacune d’une centaine de pages environ), le livre bénéficie d’une belle édition dans sa version grand format, ce qui n’était pas pour me déplaire à sa vue en magasin. La texture aussi. On en parle trop rarement, mais la matière utilisée pour un livre (comme les plus récents de Chattam et Thilliez), fait partie du plaisir de lire, et de lire avec du vrai papier, ce qui reste mon option préférée.

Si ça saigne nous permet de renouer avec Holly Gibney, via la nouvelle qui prend le plus de place dans l’ouvrage et qui donne également son nom au recueil. Outre cette nouvelle, King nous offre des histoires où l’on se prend rapidement au jeu, tout en se demandant « A quel moment cela va-t-il mal tourner ? ». L’auteur distille les éléments du décor et les problèmes à venir, tout en parvenant à nous surprendre quand arrive finalement le vrai élément perturbateur. Les histoires n’étant pas trop courtes, on a pleinement le temps de s’immerger dans l’histoire et de bien connaître les protagonistes. J’ai pour ma part pris beaucoup de plaisir à lire le recueil.

1984 [George Orwell]

Dans la même lignée que Dune, je découvre les classiques que je n’avais jamais pris le temps de lire. En grande partie car je pensais que l’écriture serait lourde, « à l’ancienne », ce que j’apprécie moyennement. J’apprécie les lectures fluides, simples, et m’imaginais 1984 assez laborieux. Il n’en est pas le cas. Hormis un passage d’une trentaine de pages à environ 65% du récit, qui reste à part de la trame principale et que j’avoue avoir survolé. 1984 est un livre à lire, d’autant plus en se rappelant quand il a été écrit. Niveau SF de ces années là, je reste néanmoins plutôt fan de Philip K. Dick, qui reste dans la même veine (avec une dose de fantastique en plus selon ses écrits) mais avec un impact différent.

Dune tome 2 : Le Messie de Dune [Franck Herbert]

J’ai enfin lu le premier tome de Dune en ce début d’année, qui était sur ma to-read list depuis fort longtemps, et encore plus en préparation de la sortie de la seconde adaptation du film. En fait ça va, il me restait de la marge. J’ai ensuite vu la première adaptation, celle de David Lynch, qui m’a laissée estomaquée, en bien comme en mal. Lynch est parti loin, comme à son habitude, mais l’adaptation reste fidèle et je pense que chacun aura pu imaginer différemment Dune à la lecture, il est donc difficile de contenter tout le monde. Souhaitant continuer la lecture, qui m’a plongée complètement dans un univers comme cela faisait plusieurs années que ça ne m’était pas arrivée (précédemment avec la Horde du Contrevent de Damasio ou encore via l’Epée de Vérité de Terry Goodkind, voire même la saga de James Clemens Les Bannis et les Proscrits).

Cette suite, beaucoup plus courte (à 600 pages près), avance plus rapidement dans le scénario, malgré un démarrage ardu à suivre. Herbert pousse son univers avec un vocabulaire tellement spécifique, qu’il apparaît déboussolant sur les premières pages. On retrouve les mêmes personnages principaux et secondaires, autour d’une intrigue qui se poursuit, mais douze années plus tard. J’ai préféré le premier opus, mais celui-ci garde la même empreinte, les touches de surprise et de politique, qui font que je continuerai de lire la suite (plus que 4 ouvrages !).

Le Monde des Abberley [Robert Goddard]

Fidèle lectrice de Robert Goddard, au même titre que Jacques Expert dont je parlerais juste en-dessous, j’apprécie toujours totalement ses histoires. Une fois n’est pas coutume, nous sommes ici dans une époque plus proche que la nôtre, que je situerais dans les années 80-90 du dernier siècle. Pour autant, comme à l’accoutumée, nous suivons des histoires de magouille, de mensonges vieux de plusieurs décennies et d’histoires de famille. Ces thèmes sont récurrents dans les livres de l’auteur, qui parvient toutefois à se renouveler à chaque nouvel ouvrage. Le Monde des Abberley est un gros pavé (+ de 600 pages) qui se lit bien, même si à de rares moments on sent l’avancement de l’histoire se ralentir, comme on pouvait le sentir également dans L’Héritage Davenhall. Je suis ravie de voir Sonatine continuer de publier ses œuvres en France, même si la chronologie de la publication initiale reste encore hasardeuse (Le Monde des Abberley a été publié en 1992 et est sorti cette année seulement chez nous !!). Il y a encore une dizaine de livres de Goddard écrits ces vingt dernières années encore non publiés en France (dont Long Time Coming qui a eu plusieurs distinctions en 2011), de quoi passer encore de belles soirées à dévorer ses histoires de complot, meurtres et énigmes en tout genre.

Plus fort qu’elle [Jacques Expert]

Dernier livre de Jacques Expert, publié en octobre dernier, il nous plonge encore plus en avant dans les arcanes de la justice, avec ses compte-rendu d’interrogatoires, ses avancements de l’enquête, et enfin, ses résolutions. Plus fort qu’elle nous entraîne dans les différentes versions que l’on peut avoir d’une même histoire, à travers la vision des principaux concernés par l’affaire (comme il l’avait également fait dans Qui ?). J’ai bu son livre comme du petit lait, avalant l’intégralité du roman en un weekend. Ca avance vite, ça se lit avec simplicité et sans extravagance. Des faits, des rebondissements, une avancée à un rythme soutenu : tout pour ravir la fan de polar et de faits divers qui se cache en moi.

L’amour Harcelant [Elena Ferrante]

Mouais bof. J’avais dévoré la saga l’Amie Prodigieuse (et la très bonne adaptation télé, toujours en cours), qui témoignait d’une meilleure maturité de l’auteure dans son écriture. L’amour harcelant se perd beaucoup : en description de la ville et des habitants (reconnaissable entre mille dans tous les ouvrages de Ferrante), mais également en images phantasmagoriques où l’héroïne se perd dans un mélange de souvenirs et de réel, souvent difficile à suivre. On retrouve également les thèmes récurrents : la pauvreté, l’éducation dans la violence, et dans le même temps la nostalgie de cette époque. Moins de 200 pages pour ce livre qui se lit pourtant laborieusement, sans parvenir à maintenir sur la durée l’intérêt suscité par l’incipit du récit.

Les Miracles du Bazar Namiya [Keigo Higashino]

J’ai connu Keigo Higashino par hasard, en déambulant dans les allées de ma bibliothèque municipale, en continuant de cibler les éditions que je connaissais déjà, comme c’est le cas d’Actes Sud (et en particulier Actes Noirs), qui publie l’auteur, et que j’avais également apprécié pour m’avoir fait découvrir, Stieg Larsson, Camilla Lackberg, Lars Kepler et Louise Penny pour ne citer qu’eux. Ce livre doit être mon septième ouvrage lu de l’auteur. Mais contrairement à ses habitudes (d’où le fait qu’il soit pour une fois publié aux Actes Sud et non Noirs), Higashino ne nous parle pas ici d’une intrigue policière mais nous entraîne dans un roman aux accents de science-fiction. Toujours en mettant en avant les caractéristiques de la vie nippone et la touche d’émotion qui est propre à ses œuvres. Empreintes de poésie, les saynètes qui composent le récit se mélangent, se recoupent et parviennent à susciter chez le lecteur l’envie d’en savoir plus sur les correspondances qui parsèment la trame générale de l’histoire. L’auteur nous livre un bel ouvrage, empli de nostalgie, de fantastique, mais également d’espoir.

Femmes sans Merci [Camilla Läckberg]

Depuis que Camilla Läckberg fait de l’écriture féministe, ses livres sont mauvais. Décevants à lire, un avancement précipité, un discours chargé de haine et une volonté de plaire à des lectrices en particulier, tout en brossant les femmes dans le sens du poil de façon générale. Néanmoins, ce dernier opus n’est pas au niveau zéro comme l’était La cage dorée – La vengeance d’une femme est douce et impitoyable (paye ton titre français déjà). Nous suivons ici l’histoire enchevêtrée de trois femmes qui souhaitent chacune se venger de leur homme en les tuant. Et comme l’union fait la force, elles vont se prêter main forte pour parvenir à leurs fins.

Je ne dis pas que le récit dont ces femmes sont victimes n’est pas réaliste (hélas, des femmes trompées par leur mari, voire battues et plus encore, cela existe et trop), mais il est poussé à l’extrême. Entre une russe qui est venue chercher le bonheur en Suède en épousant un mari sur catalogue et une femme trompée qui n’avait de toute façon plus l’air d’aimer non plus son mari, on est quand même sur des cas de figure aux deux extrêmes, et qui ne justifient pas toujours le meurtre, comme l’auteure semble vouloir le démontrer. Qu’il serait normal de chercher vengeance et que ces cas ne s’appliqueraient évidemment qu’aux femmes car, c’est bien connu, cette moitié de la population ne trompe jamais son concubin. A aucun moment il n’est question de justice, de plainte, de police. Juste une vengeance pure et simple en parfaite impunité, voilà ce que véhicule la centaine de pages de ce livre, et c’est bien dommage. Vivement le retour de la série sur Erica Falck !

La Grande Panne [Hadrien Klent]

Changement radical de décor niveau lecture mais plongée dans un semblant de confinement relatif à la vie réelle (pour un livre publié en 2016). Une explosion dans une mine de graphique italienne provoque un énorme nuage qui s’enflamme au contact des lignes à haute tension. L’électricité est donc coupée en Italie et c’est maintenant au tour de la France de suivre. Du jour au lendemain, plus d’électricité sur le territoire, sauf sur l’île bretonne de Sein, où le gouvernement s’est réfugié pour commanditer les opérations…

Le style d’écriture est assez déroutant ; en tout cas je n’y suis pas habituée. C’est la ponctuation en particulier qui m’a fait cet effet, en plus de l’utilisation régulière de l’épiphore. J’ai du relire bons nombres de passages à plusieurs reprises pour cibler qui du sujet, qui du complément. Cela mis à part, le récit est bien construit et nous pouvons nous appuyer en début d’ouvrage sur le listing des personnages pour ne pas se tromper. L’intrigue se déroulant à 90% sur l’île de Sein, on est un peu en reste pour savoir ce qu’il se passe vraiment en France à ce moment-là, même si le personnage du Président de la République y fait allusion à la fin, comme pour justifier ce souhait volontaire de se fixer sur l’île avant tout. Et puis finalement, avec ce qui nous arrive depuis 2020, il est assez facile de s’imaginer comment le peuple français pourrait s’acclimater à une coupure de courant de cette envergure.

Bienvenue en Utopie [Jean-Jacques Hubinois]

Encore un auteur français, et encore versé dans la science-fiction au plus pur du terme : qui peut se produire ici bas dans les prochaines années. L’histoire du livre se déroulant justement en 2024, sur un territoire écologique construit par l’homme, proche d’Hawaï, où tout est beau, tranquille et où trois meurtres viennent pourtant d’avoir lieu.

L’intrigue policière (et assez glauque) a pris du temps à me happer car j’avais du mal à imaginer l’environnement, que je me représentais un peu comme dans Bioshock. Les pages sont assez denses et j’aurais aimé plus de détails pratiques sur l’environnement dès le démarrage, mais l’avancement rattrape son retard sur ces éléments, permettant de se faire une assez bonne idée du lieu et de son organisation. Je me note de pourquoi pas continuer sur d’autres œuvres de cet auteur que je ne découvre que maintenant.

Poupée Volée [Elena Ferrante]

Malgré ma critique fort peu avantageuse de l’auteure quelques paragraphes plus haut, j’ai retenté une nouvelle lecture, où j’ai ici retrouvé le plaisir que m’avait donné L’amie Prodigieuse. Beaucoup plus souple à lire, plus terre-à-terre et plus court, Poupée Volée explore, comme tous les ouvrages de Ferrante, les relations mère-fille, tout en y ajoutant une touche d’inconventionnel. La personnage principal décide un jour de voler sa poupée à une enfant sur une plage, voilà grossièrement le pitch. La jouissance de ce méfait, le vol gratuit et synonyme de détresse pour l’enfant, sont la base de ce récit. J’ai dévoré le livre en une journée (200 pages environ en format poche), qui avait ce goût de vacances, d’interdit, de provocation, mais encore et toujours de nostalgie, voire de mélancolie, pour expliquer pourquoi un tel passage à l’acte. Je suis contente d’avoir laissé une nouvelle chance à l’auteure.

Bon, il me reste encore quelques lectures sous le coude. Et vous, avez-vous plus lu ces derniers mois qu’à l’habitude ?