Bye-Buy Beautiful

kurtcobain

Accoudé à la portière de la voiture, regardant par automatisme dans son rétroviseur, il roule en direction de la mer toute proche. Le temps est au beau fixe comme le lui avait indiqué son baromètre avant de partir en balade. Il adore le mois de juin, le mercure n’atteint pas encore des sommets mais permet déjà de se dénuder à loisir et sans pudeur. Sa fenêtre côté conducteur ouverte, il passe la main dans ses cheveux mi-longs qui ont tendance à suivre la direction du vent. Ce qu’il adore aussi par-dessus tout, c’est traverser les multiples villages sur son chemin, sa cigarette pendue à ses lèvres, pour regarder les filles se retourner sur son passage. Se cachant derrière ses lunettes de soleil, il ne laisse toutefois rien paraitre, sauf parfois un sourire à peine dissimulé.
Mais aujourd’hui il ne sourit pas, il n’en a simplement pas envie. Il fonce droit vers le soleil en se souciant assez peu des nymphes ayant profité elles aussi de ce beau temps pour revêtir de légers déshabillés. Il ne pense qu’à la mer, la mer qui rapproche et déchire tant d’hommes, cette mer qui lui semble si proche mais si intouchable, lointaine. Depuis son enfance il a toujours adoré regarder la mer. S’asseoir au bord de l’eau, sur des rochers luisants, pour perdre son regard dans l’immensité du calme et de la nervosité de cette mer si mystérieuse.
Il se gare assez loin de la plage en question, sa plage, une petite crique tranquille que les touristes n’ont pas encore envahie. Aujourd’hui, il a une envie dévorante de marcher sous ce soleil éternel, prenant son temps, savourant la singulière odeur d’iode venant lui faire frétiller les narines. Laissant ses chaussures derrière lui, il commence à enfoncer ses pieds dans le sable chaud, sensation tellement agréable, et donc, si difficilement descriptible. N’ayant plus que son sac à dos avec lui, il prend quelques photos, essayant de faire les plus belles qu’il soit, les plus vivantes surtout.

Après une vingtaine de minutes de vagabondage et de marche lente, il parvient enfin à hauteur de la crique, sa crique. Elle n’a toujours pas changée depuis les longues années pendant lesquelles il n’avait pas pris le temps de venir. Rangeant son appareil-photo au fond de son sac tout en s’asseyant à la limite de l’entrée de la petite grotte, il regarde encore une fois le ciel se fondre et se confondre avec la mer, la beauté de cette nature, la beauté de la vie.
Rouvrant son sac, il en sort, déterminé mais si calmement, le Colt qu’il tient de son père. Se l’apposant lentement sur la tempe, il se dit en souriant qu’il n’y a vraiment pas jour plus merveilleux pour mourir.

4 commentaires

  1. voilà le genre d’article que j’adore aussi, les fins tragiques, on n’est pas net! par contre je suis née en juin alors t’aurais pu choisir le mois de mai pour l’article :d:d:d:d

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